Petite, je n’aurais jamais imaginé un jour avoir l’audace de parcourir le monde. Je regardais le globe-terrestre avec des étoiles dans les yeux, me disant que la terre avait l’air bien grande, consciente que je n’étais qu’un grain de sable sur cette énorme planète. Je feuilletais durant des heures des livres qui tantôt me transportait au cœur des pyramides d’Égypte, tantôt à l’autre bout du globe sur ce pays-continent intriguant nommé Australie. Jamais je n’aurais cru possible d’avoir la fougue et le courage de fouler des terres étrangères, des continents, d’aller à la rencontre d’autres cultures… Je m’imaginais progresser dans des métiers traditionnels mais pour moi, voyageuse n’était ni une option, ni une façon de vivre. Je voyais le voyage comme une récompense de quelques jours qu’on pouvait s’offrir après avoir travaillé durant l’année. Et de toute façon, timide comme je l’étais, jamais je n’aurais pu m’imaginer grande exploratrice à cette époque, jamais je n’aurais cru que la passion du voyage sommeillait en moi.
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Et puis, j’ai grandi. Comme tous les jeunes de mon entourage, j’ai passé des années sur les bancs d’école à me bourrer le crâne d’informations plus ou moins utiles. Des informations qui parfois me faisait vibrer, d’autre fois me faisait sombrer dans un ennui mortel. Des années à me tortiller l’esprit en me demandant ce que je voulais faire de ma vie. À tenter de trouver ma place dans cet univers de jeunes qui t’attribuent une étiquette comme étant “populaire”, “entre les deux” ou “rejet” sans parfois même te connaître. Où tu apprends rapidement que le physique est une clef de réussite ou d’échec dans notre société. Avec le temps, j’ai peu à peu réussi à acquérir un semblant de confiance en moi. Lorsque j’ai eu terminé mes études, je me suis enlisée dans une petite routine redondante où j’allais travailler pour gagner des sous.
Et puis un beau matin, j’en ai eu assez de tout ce non-sens. C’est à ce moment que le voyage est entré dans ma vie, sournoisement, sans que j’en prenne réellement conscience. Il est arrivé sous la forme d’une invitation. Une amie qui m’invitait à la rejoindre pour quelques mois en Australie. Et avec l’innocence d’une fille qui n’a aucune idée de ce dans quoi elle s’embarque, j’ai dit oui. J’aime à penser que c’était un pari avec moi-même. Une convocation du destin. J’ai mis ma vie sur pause et j’ai fait le grand ménage : démission, vente de ma voiture et au revoir aux anciens amours. J’avais une folle envie de nouveauté, d’un vent de fraîcheur et le voyage m’ouvrait grand ses bras.
Ce matin de Janvier 2013, je m’en rappellerai toute ma vie. C’est le jour où tout a basculé, où une rupture a marqué un avant et un après dans ma vie et à l’intérieur de moi. C’est le jour où je me suis choisie, où j’ai eu assez de courage pour oser foncer droit dans l’inconnu, malgré la peur que je ressentais dans tout mon corps. Depuis ce matin fatidique où je suis monté dans un avion en direction de l’Australie, le voyage coule désormais dans mes veines.
Et le voyage pour moi, c’est ça :
C’est se réveiller chaque matin en ayant notre destin entre les mains. En étant complètement libre d’accomplir nos rêves les plus fous… Ou simplement décider de ne rien faire, sans aucune pression. Juste se poser et regarder le temps filer. Observer des petits détails qui nous échappent en temps normal dans notre agitation quotidienne.
Se poser sur une plage et sentir le sable chaud sous notre peau. Se laisser bercer par le fracas des vagues en face de nous. S’en approcher, assez pour sentir le contact de l’eau jusqu’à nos chevilles, puis jusqu’à nos hanches et enfin jusqu’à notre cou. Assez pour s’humecter les lèvres et se réjouir du petit goût salé. Observer la vie qui grouille de partout et être constamment intrigué parce que vous ne voyez pas toutes les créatures marines qui gravitent autour de vous. Inspirer, expirer. Humer cet air marin qui nous rend si heureux. Sentir le sel qui nous colle à la peau et aux cheveux. L’océan a ce don de me rendre vivante.
Se promener en montagne et se sentir si petit face à cette nature grandiose. Observer la faune qui parfois nous étonne tellement elle survit dans des conditions difficiles. Une petite fleur, là-haut, à des centaines de mètres d’altitude, seule contre vents et intempéries. Observer le soleil qui change le paysage tout autour de nous, tantôt lui donnant une chaleur qui nous fait du bien, tantôt un petit air dramatique. Randonner en plein air et gravir monts, montagnes ou volcans, c’est passer par toute une gamme d’émotion. C’est s’émouvoir devant autant de petits détails et de formes géométriques. C’est se laisser transporter au cœur d’un silence absolu dont seul le chant des oiseaux et des êtres vivants qui y ont élus domiciles nous accompagne. C’est parfois aller au bout de nous-même. Pour la fierté d’être arrivé tout là-haut et d’avoir une vue magnifique sur les environs. La randonnée a ce don de me rendre vivante.
Se fondre au creux d’une foule qui déambule dans les ruelles et les marchés. Dans une ville où tout est inconnu pour nous, depuis le nom des rues jusqu’aux murs des maisons. Se laisser porter par ses pieds. Y découvrir de nouvelles senteurs, de nouveaux visages. Croiser un jeune enfant et remarquer sur sa petite bouille cette joie innocente qui inonde ses yeux et son sourire. Reconnaître les détails de courants artistiques dans l’architecture, des détails dont on a oublié les noms mais qui ne nous empêche pas de les admirer pour autant. Pousser la porte d’un restaurant, d’un petit commerce, d’un café. Y découvrir tout l’amour que leurs propriétaires y ont mis pour rendre l’endroit attrayant, pour créer des recettes et des produits qui feront revenir leurs clients et qui attirent les étrangers. Continuer notre chemin et se perdre sans pouvoir s’empêcher d’aimer cette sensation. Parce que c’est souvent en se perdant qu’on fait les rencontres les plus inattendues. La découverte d’une ville a ce don de me rendre vivante.
Se laisser guider par la vie et faire de nouvelles connaissances. Parfois dans une auberge de jeunesse, d’autre fois au restaurant, en randonnée, en plein cœur d’une mésaventure ou encore autour d’un feu de camp lors d’une soirée où nous avons été invité. Échanger un regard, un sourire, puis quelques mots. Réaliser que plusieurs sujets et passions nous rassemblent. Sentir une connexion. Et puis, tout à coup, un déclic qui se fait dans notre tête. Cette conversation, ce lieu, ce moment ; ça devait arriver. La vie place sur notre route les gens dont nous avons besoin. Pour grandir, pour apprendre, pour nous rassurer, pour vaincre nos peurs et nos angoisses, pour restaurer notre foi en l’humanité. Peu à peu, on finit par réaliser que ce n’était pas un hasard quand on a ressenti qu’on devait échanger avec la personne qui se tient à nos côtés. Certaines amitiés naissent en voyage et se prolongeront durant des années, d’autres seront éphémères et ne dureront que l’espace d’une journée. L’une comme l’autre pourrait suffire à changer notre vie à jamais… Les rencontres en voyage ont ce don de me rendre vivante.
Se perdre dans nos pensées devant un lever ou un coucher de soleil. Les premiers instants d’une journée sont toujours particuliers, peu importe l’endroit du globe où on se trouve… La lumière qui revient après la noirceur et cette promesse de renouveau. La vie qui reprend son cours, dans un calme qui se transformera peu à peu en une frénésie croissante. Être là, simplement, et observer ce phénomène. Ces lueurs dans le ciel qui nous réchauffe l’âme et qui sont synonyme d’un jour nouveau, où tout peut arriver. Je dois avouer qu’en dehors des moments où je suis en voyage, me réveiller dans le seul but de sortir dehors pour observer le soleil se lever le bout du nez, ça n’arrive pratiquement jamais. Sauf qu’en voyage, on a le temps de prendre le temps. Et ça fait un bien fou. C’est la même histoire avec les couchers de soleil. Prendre plaisir à regarder les couleurs vives et parfois les formes des nuages qui s’y entremêlent. Se délecter des rayons qui transpercent le ciel. Perdre la notion du temps devant ce spectacle majestueux de la nature. Le ciel a ce don de me rendre vivante.
Se rencontrer soi-même. Dans des situations difficiles, heureuses ou inattendues. En réalisant des exploits dont on se serait cru incapable de réaliser. En affrontant nos plus grandes peurs. En analysant nos réactions fasse à certaines situations ou conversations qui sont sur notre chemin… Le voyage nous ouvre les yeux, le voyage nous porte à avoir une conscience élargie envers tous ces merveilleux humains qui peuplent la même planète que nous. On se rend compte qu’on est tous dans le même bateau, que chacun de nos gestes peuvent avoir un impact et ce, même si des milliers de kilomètres nous séparent. On se rend compte qu’on est tout petit mais qu’on peut changer la vie des gens qu’on rencontre. Qu’on peut partager notre amour et notre bonheur pour qu’il se décuple. Qu’on peut s’éduquer mutuellement. Qu’on peut rendre le monde meilleur… Le voyage nous change à jamais. En tant qu’individu mais également en tant que citoyen. Et je ne peux m’empêcher de trouver ça beau. De remercier cette petite voix qui m’a mis sur ce chemin. Et de souhaiter à tous de mettre le doigt sur cette passion qui vous comblera d’autant de bonheur. Le voyage a ce don de me rendre vivante…
Il coule désormais dans mes veines et rend ma vie colorée, remplie d’amour, de bonheur et de belles âmes…
Denis Houle
Merci Claudia pour ton écrit qui me touche profondément. Tu as trouvé ta voie, celle de partager ce bonheur que tu as à vivre ta vie telle que tu l’as choisi. Tu es douée d’une grande sensibilité et de sagesse. Le diplôme de la vie n’est pas le papier que l’on peut détenir mais l’expérience humaine de ce que l’on fait de notre vie comme tu le décris si bien. Tu as réussi à partager tes émotions par ton écrit et ceci est digne d’un grand talent. Je te souhaite de continuer pour longtemps cette route du bonheur. Encore merci du partage.
Seba
Claudia, tu as osé toi aussi goûter aux parfums somptueux de la vie sans frontières, hors des sentiers battus, pour donner ton être dans ce majestueux continent, où il fait bon vivre au grand air, dans 1 univers vierge, non-formaté !
Bonne continuation !