Papa, maman, je vous en veux d’avoir eu l’innocence de me mettre au monde alors que je n’ai aucun futur ici-bas…… Je vous en veux, à vous et vos ancêtres, d’avoir laissé la terre se dégrader en vous contentant seulement d’en être témoin. En refusant de lever le petit doigt pour inverser le réchauffement climatique et les inégalités qui faisaient rages. En choisissant le confort plutôt que l’action.
On dit que les signaux étaient là et que les scientifiques ont tenté à maintes reprises de vous alerter. On dit que vos générations étaient beaucoup plus intéressées par le luxe et le paraître que par le sort de notre planète. On dit que vous avez contribué à tout détruire en faisant des choix illogiques vu les circonstances. On dit que votre ego était démesuré et vous empêchait de voir clair. On dit que vous étiez beaucoup trop occupé à travailler sans relâche pour vous payer des biens et que vous n’avez pas eu la force de vous intéresser aux vraies choses, aux véritables problèmes auxquels vous faisiez face bien malgré vous. On dit que c’était plus facile pour vous de fermer les yeux sur les enjeux environnementaux que de vous battre parce que ce ne serait pas votre problème à vous.
Je vous en veux car je n’aurai jamais la chance de vivre avec la sérénité de votre époque et de me bâtir une vie de rêve.
Tout autour de moi, c’est le chaos. Avec la montée des océans, les continents tels que vous les avez connu sont choses du passé. Il n’y a jamais eu autant d’eau sur terre et pourtant, impossible de la consommer sans danger vu son niveau de toxicité. Les gens s’entre-tuent pour garder leur terre et les réfugiés climatiques affluent sans cesse. Les ressources manquent et le ciel nous tombe sur la tête. Quand ce ne sont pas des trombes d’eau causant de terribles inondations, ce sont de puissantes tempêtes qui détruisent tout sur leur passage. Les températures sont extrêmes et nombreux sont ceux dont le pauvre corps n’y résiste pas. L’air est lourd et chargé de particules nocives. Chaque respiration nous empoisonne davantage. La mort est partout. Autour de nous et en nous.
Je vous en veux car les gens racontent que votre monde était magnifique, que les pays avaient tous un truc qui les rendaient uniques et que c’était bon de voyager à la rencontre des autres.
On dit que dans votre temps, la terre grouillait de vie. De magnifiques animaux peuplaient les forêts, les cours d’eau et les océans. Les insectes tels que les abeilles avaient comme mission la pollinisation des végétaux. On dit que les gens cultivaient leur propre potager et en récoltait de bons fruits et légumes bourrés de vitamines et de saveurs. On dit qu’il était possible de se balader dans des champs entiers de fleurs sauvages. On dit que la beauté de la nature était telle que les gens passaient des journées à la découverte de ses merveilles. On dit que les gens de votre époque voyageaient énormément, principalement pour s’imprégner des autres cultures et se nourrir intérieurement grâce aux rencontres et aux paysages sublimes qu’offrait cette planète. On dit que ces gens outrepassaient les peurs véhiculées dans les médias et que leurs cœurs ne connaissaient pas le racisme et la haine de l’autre. On dit qu’ils étaient curieux et qu’une grande partie d’eux a tenté de sensibiliser la population à l’urgence d’agir pour conserver tous ces joyaux, tous ces peuples merveilleux menacés par le climat.
Je vous en veux car vos générations avaient en leur main le pouvoir de changer le cours des choses, mais que vous avez été trop feignant pour vous bouger.
On dit qu’à une certaine époque, alors qu’on vous implorait de ralentir votre rythme effréné, une partie de la population a su écouter et comprendre le besoin criant de prendre soin de la terre. Ces gens se sont informé et ont réalisé que des gestes devaient être posés maintenant. Ils se sont mis à changer leurs habitudes, à diminuer voir complètement arrêter leur consommation de viande, à réduire au maximum leur empreinte écologique, à adopter le zéro déchet et à acheter local. On dit que ces gens, ceux qui ont tenté de toutes leurs forces d’inverser la tendance, étaient critiqués et regardés de haut par les autres. On dit qu’on les affublait de noms tels qu’extrémistes, révolutionnaires et gauchistes… On dit que les gens refusaient d’entendre leur message, que les gens étaient indifférents et insensibles au point de leur répondre que l’avenir de la planète ne serait pas leur problème, qu’ils ne seraient plus là de toute façon.
Que reste-t-il de votre époque si ce n’est que des images, des mots et des souvenirs ? Vous avez été victimes de votre intelligence, de vos progrès technologiques, de ces bouts de papier nommé argent qui gouvernaient votre monde… Il ne reste aujourd’hui que des poussières de ces modes de vie qui ont mené à la destruction de votre civilisation. Des poussières et les enfants du futur. Ceux qui, comme moi, doivent vivre avec les conséquences de vos choix. Je ne comprendrai jamais le but d’une vie de souffrances et de misères, à n’attendre que la mort comme délivrance.
La terre mettra longtemps à se remettre du passage des humains. Souhaitons que ces scènes de désolations ne se reproduisent plus jamais… Papa, maman, je vous en veux terriblement pour cet avenir sans issus que vous m’avez légué… Souhaitons que les prochaines sources de vie ici saurons vivre en harmonie et ne pas reproduire les erreurs du passé, de votre passé.
Marie
Très bel article ! Je suis tombée dessus un peu par hasard, et ton texte est bouleversant. Il mérite d’être partagé encore et encore. J’espère qu’il saura en faire réfléchir plus d’un !
Claudia Trudeau
Merci beaucoup Marie ! Il prend encore plus de sens pour moi en cette période… Bonne journée à toi xx