Le voyage, c’est quelque chose de magique. De tellement plus gros que les six lettres qui le composent. C’est un monde à part, qui nous ensorcelle et nous enrôle dans un truc plus grand que nous. C’est tellement difficile à expliquer… C’est tellement de sentiments qui s’entrechoquent… Je vais essayer de mettre des mots sur toutes ces pensées qui se bousculent sans cesse dans ma tête. Des mots sur tous les noms-dits que je refoule en dedans. Parce que si je peux affirmer que le voyage a apporté beaucoup de positif dans ma vie, il m’a aussi apporté tout un tas de questionnements existentiels, de moments d’angoisses où je réalise que ma vie est aujourd’hui changée à jamais. Qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. Que ma vie d’avant voyageuse est histoire du passé et que je vis maintenant avec cette grande passion qui coule dans mes veines. Que malgré tous les bons côtés, le voyage m’a, pour le moment, complètement fait perdre le nord…
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Il y a encore pas si longtemps, j’entrevoyais un futur dans ma petite ville natale au Québec. Je caressais le rêve de devenir photographe professionnelle et de me créer mon petit business. Puis, un beau matin, j’ai eu envie de sortir de ma zone de confort. L’Australie, un visa vacances-travail et un aller-simple. Le voyage est arrivé dans ma vie comme le jour où tu tombes face à face avec ton âme sœur et qu’en dedans de toi, tu le sais que t’as enfin trouvé. Que plus rien ne sera jamais comme avant. Je pourrais vous faire une liste des choses magnifiques que le voyage a amené dans ma vie, parce que Dieu sait qu’il y en a. Mais aujourd’hui, c’est pas de ça dont je veux vous parler…
Je veux vous parler du fait que je ne sais plus du tout où est-ce que j’ai envie de me poser pour bâtir une vie. Y’a des pays qui m’ont envoûté. Des pays qui me font à maintes reprises partir dans mes pensées et imaginer “Ma vie ressemblerait à quoi, si je m’installais là-bas ?”… Des endroits où la culture me plait au point de vouloir m’y installer, des endroits où la gentillesse des gens m’a donné envie de m’y faire des amis, des endroits où il y a un petit je-ne-sais-quoi dans l’air qui m’a attiré… Je me projette vivre ma vie dans certains pays qui ont volé mon cœur, où un mode de vie plus proche de la nature et de la simplicité serait possible, à l’opposé de ce qu’à a m’offrir ma terre natale… C’est dans ces moments là que le cœur est déchiré. Déchiré entre l’égoïsme de vivre la vie de ses rêves et entre le besoin vital d’être à proximité de ses proches, de sa famille…
Je veux vous parler du fait que ma vision du travail a changé. Du gros non-sens pour moi de travailler plus de 340 jours par année et presque pas avoir le temps de respirer. De vivre. Tu sais, juste vivre. C’est rendu un luxe dans notre société. Travailler pour remplir les poches de l’état. Travailler pour enrichir les riches et continuer de creuser ce fossé entre les pauvres et les plus fortunés. Malgré tout, je le sais qu’on n’a pas le choix dans la vie, qu’on a besoin d’argent pour vivre. De là le sentiment d’être complètement perdue et de ne pas savoir ce que je veux faire pour être pleinement heureuse. Vouloir mettre le doigt sur un travail qui, au moins, aurait du sens. Un travail qui apporterait quelque chose de positif dans notre monde. Ça amène aussi des angoisses. Des pensées comme : “Est-ce que je vais un jour avoir une retraite ? Et si jamais je tombais malade en vieillissant ?”. Des questions qui, pour certains, se régleraient facilement en faisant comme tout le monde. Sauf que faire comme tout le monde, ce serait hypocrite envers moi-même et envers mes nouvelles convictions.
Je veux vous parler du décalage que je ressens parfois avec les personnes que j’aime le plus au monde. Ma famille. Mes amis proches. Chaque voyage me change un peu plus, change mes façons de penser, de raisonner, de voir le monde. Je ne suis pas aveugle, je les vois les points d’interrogation dans les yeux des gens en face de moi. Les regards qui accompagnent les phrases comme “Et puis, quand est-ce que tu penses t’installer ici ?”. Ça fait mal. Ça fait mal de faire mal. Parce qu’en dedans de moi, je le sais que ce qui me fait vivre, c’est d’être une girouette sur notre belle grande planète. Que de rester en place me tuerait à petit feu. Je le sais que les gens s’en doutent quand ils me posent la question. Mais je le sais aussi qu’ils espéreraient ça que je leur dise que “Mon trip est fini, je rentre à la maison pour de bon”. Je le sais que les gens sont heureux pour moi, quand je leur raconte mes voyages et qu’ils voient les étoiles dans mes yeux… Mais je sais également qu’ils ne comprennent pas tous ce mode de vie si différent qui m’attire autant.
Je veux vous parler du gros what the fuck dans ma tête quand je reviens à la maison. Quand je marche dans les rues, avec les grosses maisons, les deux, voir trois voitures par cours. Quand je vois la place que la télévision occupe dans la vie des gens et l’importance accordée aux médias. Quand je vois mes parents travailler comme des fous pour arriver à payer tous les comptes, fatigués quand le week-end arrive enfin. Quand je vois le désastre que la surconsommation a dans nos sociétés. L’importance que l’image qu’on projette prend dans la vie des gens. Tous les délinquants et les problèmes d’estime de soi qu’a encouragé l’hyper-sexualisation. Les vieilles mentalités encore présentes chez certaines personnes et tous les gens non-cultivés face aux problèmes mondiaux. À chaque retour, c’est une claque pour moi.
Je veux vous parler des affaires comme la préservation de notre planète qui semble pas si importante que ça aux yeux de beaucoup trop d’entre nous. La plupart des gens sont tellement léthargiques, occupé à travailler pour s’acheter des biens, toujours plus de biens. Comme pour oublier qu’on a une épée de Damoclès qui nous pend au-dessus de la tête. Comme pour oublier que tout est loin de bien aller. Qu’on court actuellement à notre perte. Que la sixième extinction massive est enclenchée et que si on s’enlève pas les doigts du nez, on va tous y passer. Vos enfants et petits-enfants vont vivre des choses épouvantables. Et pendant que vous lisez ces lignes, les changements climatiques ont déjà commencé à faire des ravages. Le plus malheureux, c’est que ceux qui en écopent le plus pour l’instant, ce sont les gens qui vivent sur des petites îles, ce sont les gens qui sont déjà enfoncé dans la pauvreté, ce sont les gens pour qui l’empreinte écologique est quasi-nulle comparée à nos belles grandes villes développées…
Audrey
Hello Claudia,
Je me sens obligée de t’écrire car j’aurai pu écrire exactement ce texte … (à part que je vis en France ahah) Alors ça fait du bien de savoir que nous ne sommes pas la seule personne, à penser tout cela, sur terre ! Donc je t’ecris Ce commentaire pour te dire : tu n’es pas seule, je suis comme toi ! Et je pense que nous sommes nombreux. Cela me fait souvent mal de ne pas être comprise par mes proches mais je sais que c’est ce qui est bon pour moi ! Au plaisir de se croiser sur notre belle planète !
Claudia Trudeau
Coucou Audrey !!
Un énorme merciii d’avoir pris le temps de commenter, ça me fait un bien fou aussi de constater que je ne suis pas seule, il y a de l’espoir <3
Tu as bien raison, il faut écouter notre petite voix, les autres ne pourront jamais être heureux à notre place !
Au grand plaisir de te croiser un jour, le monde est petit comme on dit ! xx
Sylvia
J’aurais pu exactement écrire ces lignes, je ne comprends pas la société dans laquelle on vit, je ne comprends pas comment l’on peut croire que notre vie doit se résumer à travailler encore et encore pour faire de l’argent, toujours plus d’argent pour le mec ou la nana qui a un jour créé sa boîte et au final pour enrichir l’état… Comment peut-on croire ça ? Les gens sont accrochés à leur travail parce qu’ils n’ont plus le choix, ils sont tombés dans le piège, acheter une maison, avoir des enfants, ne plus avoir le choix et croire que c’est ça la vie ! J’ai démissionné, je vais développer une activité pour moi et moi seule et je pars le 22 juin pour un voyage à durée indéterminée, je vais voir d’autres choses et réfléchir au sens de tout ça, voir comment c’est ailleurs et j’espère trouver ma voie ! 😊
Claudia Trudeau
Coucou Sylvia !!
Tu as exactement tout résumé, ça ne me rentre pas dans la tête non plus…
J’approuve totalement ton choix, si jamais tu as une page ou un blogue pour suivre ton périple, envoie moi le lien ❤
Je te souhaite beaucoup de bonheur et de liberté sur les routes du monde, j’espère que tu trouveras ta mission de vie en cours de chemin !!! 🙂
noemie
Merci pour ce jolie texte. Je me pose ces questions aussi, je me sens incomprise et je trouve le monde si injuste. Et quand je vois que je ne suis pas la seule à penser ainsi je crois en l’humanité, un peu plus, chaque jour. Je me sens impuissante face à tout çà, je ressens beaucoup d’émotions en lisant ton texte.
Merci . Bonne journée
Claudia Trudeau
Coucou Noemie ! Un grand merci à toi d’avoir pris le temps de partager tes ressentis… J’ai vraiment pris le temps de m’imprégner de mes émotions pour écrire ce texte, alors de lire que tu les ressens c’est que ma mission est accomplie… Ne cesse pas de croire, on est pas seule ❤❤
Denisse C.
Salut! Oú est ce que tu a pris la photo du post?
Merci
Claudia Trudeau
Salut Denisse ! 🙂
Au Tongariro National Park sur l’île du nord en Nouvelle-Zélande ! 🙂
Bonne journée !
Nour
Salut Claudia vos mots résument mes pensées .. je n’ai pas eu de grande occasion pour voyager mais j’ai les même réflexions .. je n’arrive pas a comprendre les gens qui m’entourent et les eux aussi n’arrivent pas a me comprendre .. peut être ensemble on pourra enrichir un peu ce monde par notre conscience car on n’est pas les seules a pensé ainsi j’en suis sure qu’ils y’a des gens qui nous ressemblent quelque part dans les coins de ce monde .. Il m’arrive souvent de penser a tous quitter et faire de ma vie un voyage infinie .. pour pouvoir se retrouver et rencontrer autrui la ou il vit .. découvrir le monde par moi mm sans me laissé manipulé par les media .. Aider sans rien attendre .. vivre de nouvelles expériences au lieu d’être figé dans un bureau durant toute la journée .. apprendre et comprendre .. faire de mon mieux pour préserver notre chère terre .. eh et une liste infinie de truc que je veux faire …
Enora - Les Géonautrices
Quel bel article ! Merci de partager ta pensée comme tu l’as si bien fait. Je suis tombée un peu par hasard sur ton article via Pinterest et le titre m’a d’abord interpellée et j’ai eu envie de voir ce qui se cachait derrière. Et quelle belle surprise !
Je me retrouve complètement dans tes mots. Je suis actuellement en voyage depuis 8 mois, mon 1er grand voyage, et je sens également que le voyage m’a complètement changée. Il m’a fait ouvrir les yeux et m’a permit de voir un autre chemin de vie que simplement celui de rester enfermé dans un rythme infernale de météo boulot dodo.
Tes mots ont résonné en moi et je ne peux que te comprendre. En effet, comme d’autres l’ont si bien dit en commentaire, nous ne sommes pas seules dans ce cas. Mais le plus dur reste de voir tout ceux qui sont restés dans leur train train et qui ne voient pas (ou ne veulent pas voir) que le monde va mal et qu’il faut que la conscience collective se réveille et bouge.
Claudia Trudeau
Merci tellement pour ton beau commentaire Enora !!!
Depuis quelques semaines, je réalise en discutant avec mes proches que la meilleure façon d’éveiller les gens, c’est de discuter avec eux et de les faire réfléchir… Ça donne de beaux résultats avec les membres de ma famille et c’est encourageant !
Au plaisir d’un jour te croiser sur notre belle planète (on ne sait jamais !!!).
Claudia xx
Enora - Les géonautrices
Oui effectivement rien de mieux que le discours et l’échange pour faire évoluer les mentalités pas à pas. C’est déjà un bon début de réussir à éveiller son entourage ! 🙂
Au plaisir également de se croiser un jour qui sait ! Ce serait avec joie en tout cas. 🙂